mardi 28 février 2012

Propriétaires forestiers, (re)reboisons !


Les chiffres sont éloquents : après la vague des reboisements d’après guerre, et jusqu’à la fin du FFN (fonds forestier national), la France avait une culture du reboisement et de la forêt cultivée. Depuis ? La tendance est plus qu’au ralentissement.
Quelques exemples :
en 15 ans, à l’échelle nationale, la quantité de plants forestiers mis en terre est passée de 110 millions à 47 millions (dont 29 millions de Pins maritimes) ;
à une échelle plus locale, celle du Massif Vosgien, une étude réalisé par le CRPF a mis en lumière que dans les petites forêts privées résineuses (les fameux « hagis » Vosgien), sur les 500 ha qui se récoltent par an, seuls…25% sont reboisés…le reste évoluant vers la friche !
Pour mettre les choses en perspectives, nos voisins sont plus dynamiques : la Suède replante 345 millions de plants par an, l’Allemagne 300 millions, la Pologne…1 milliards …Ne parlons pas de la Chine : 2.3 milliards de plants par an.

Vous me direz, en quoi est-ce problématique ? Si on se contente d’une forêt de bouleau et autres accrus, pas de problème ! Ce sera une forêt sans filière, sans emplois…
Si la forêt veut jouer la carte du dynamisme, et s’afficher comme une ressource locale, performante et durable…c’est un problème.

Le secteur de l’industrie du bois représentait en 2011 6 milliards d’euros de déficit commercial…ce qui constitue le 2e poste du déficit commercial de notre pays ! D’ores et déjà, la France doit importer 50% de ses besoins en sciage résineux !
Belle filière que la notre…ne changez rien !

Pour rester sur les reboisements, pourquoi en est on arrivé là ?
Les causes sont multiples : l’Etat limite ses financements, le cadre réglementaire se complique (on a vu des propriétaires dans les Vosges recevoir des courriers leur demandant…d’arracher des plants reboisés en zone…de boisement), le discours de la vulgarisation forestière est parfois mal orienté (laissez faire la nature, au pire reboisez à très faible densité…tout se passera bien !), le gibier nous décourage…

Pour autant, faut-il baisser les bras ? Notre réponse est que non.
La demande en bois va aller croissante, et le bois matériau présente de multiples atouts.
Encore faut-il que la ressource soit en adéquation avec les besoins de l’industrie…et de façon générale que l’amont forestier construise avec l’aval une VRAIE filière.

Aujourd’hui, les industriels exploitent les résineux qui ont été plantés du temps du FFN. Si aujourd’hui on ne plante pas, il n’y aura pas de forêt pour les forestiers de demain.

Sans reproduire certains excès du passé, il est temps de relancer la machine.

Votre coopérative pousse en ce sens :
nous disposons de personnels spécialisés en sylviculture (techniciens, ouvriers…) ; nous proposons à nos adhérents une reconstitution après chaque récolte (cet encagement figure d’ailleurs dans les engagements PEFC) ;
aux côtés des autres organismes de la forêt privée, nous œuvrons pour que l’environnement général soit facilitateur plutôt qu’empêchant pour les reboisements.
A titre d’exemple, nous participons activement à la constitution d’un fonds construit de concert entre l’amont (les propriétaires) et l’aval (les industriels) pour assurer la reconstitution de la ressource résineuse du massif vosgien. Nous souhaitons vivement que ce projet aboutisse. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés dans un prochain numéro !

Julien PETIT - responsable de l'agence de Lorraine

Pour poursuivre la lecture :
De l’urgence de réinvestir la forêt (juin 2010) – téléchargeable sur le site de l’UNEP en cliquant sur ce lien

Manifeste en faveur des forêts de plantation en France (janvier 2012, Alliance forêts Bois) – téléchargeable sur le site de la CAFSA en cliquant sur ce lien